La Nouvelle-Orléans créole dans l'Atlantique révolutionnaire, 1775-1877
La Nouvelle-Orléans créole dans l'Atlantique révolutionnaire, 1775-1877
Nulle part aux États-Unis l'ère de la révolution démocratique n'a eu une influence aussi profonde qu'à La Nouvelle-Orléans. En 1809-1810, les réfugiés de la révolution haïtienne ont doublé la taille de la ville. En 1811, des centaines de travailleurs des plantations de Saint-Domingue, d'Afrique et de Louisiane ont descendu le fleuve vers la ville lors de la plus grande révolte d'esclaves jamais vue aux États-Unis. Des révolutionnaires itinérants venus de tout l'Atlantique se sont rassemblés à La Nouvelle-Orléans pour la cause de l'indépendance de l'Amérique latine. Avec les soldats réfugiés de la révolution haïtienne (noirs et blancs), leur présence s'est avérée décisive dans la bataille de La Nouvelle-Orléans. Après avoir vaincu les Britanniques, les soldats ont rejoint la lutte contre l'impérialisme espagnol. La Nouvelle-Orléans créole dans l'Atlantique révolutionnaire, 1775-1877, Caryn Cossé Bell expose ces événements marquants et bien plus encore pour documenter l'impact de l'ère révolutionnaire sur la ville.
L'étude de Bell commence par les mémoires de 1883 d'Hélène d'Aquin Allain, une créole française et descendante de la communauté des réfugiés, qui a grandi à la Nouvelle-Orléans avant la guerre de Sécession. Les ancêtres d'Allain, les d'Aquin, ont combattu aux côtés des Savary, une famille de couleur libre et politiquement influente, lors de la Révolution haïtienne. Forcées de quitter Saint-Domingue/Haïti, les familles alliées se sont retirées à la Nouvelle-Orléans. La reconstitution par Bell du réseau familial d'Aquin, des alliances interraciales et des partenariats commerciaux fournit un cadre productif pour explorer la présence de la ville au carrefour de l'Atlantique révolutionnaire.
Résidant à la Nouvelle-Orléans à l’apogée du romantisme français, Allain a vécu une révolution culturelle qui a eu une énorme influence sur les croyances religieuses, la littérature, la politique et même, comme le montre Bell, la pratique de la médecine dans la ville. En France, la nature hautement politisée du mouvement a culminé avec la Révolution française de 1848, qui a aboli l’esclavage et accordé le droit de vote aux hommes et aux femmes affranchis. Pendant la guerre civile et la Reconstruction, les dirigeants afro-créoles de la communauté diasporique ont fait référence aux événements survenus en France et se sont placés en première ligne de la lutte pour révolutionner les relations raciales dans leur propre pays. Comme le montre Bell, leur héritage culturel et politique reste une présence formidable à la Nouvelle-Orléans du XXIe siècle.